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DE LA LANGUE BRETONNE.

dei-iies par x. Dans le second cas, c’est pour figurer le son nouveau en breton du ch français, tel qu’il se prononce dans château, et il le représente de la même’manière que l’orthographe à laquelle il a été emprunté ; seulement, comme on pourrait confondre les signes qui figurent les deux sons, si rien ne les distinguait, il écrit le premier en mettant entre le c et V/i une apostrophe anciennement inusitée, destinée à marquer l’aspiration gutturale, et le dernier sans apostrophe. En cela, il suit la manière d’écrire du P. Maunoir et de Grégoire de Rostrenen.

L’ancienne orthographe bretonne, restaurée par dom Le Pelletier, avec certains perfectionnements qu’exigeait la logique, fut sanctionnée par les Etats de Bretagne, comme l’orthographe française du dictionnaire de 1 Académie l’avait été par l’autorité du gouvernement français, et celle du docteur Jonhson, par tous les hommes éclairés d’Angleterre. Mais il en est des systèmes graphiques comme de toutes les choses humaines : ils n’arrivent à la perfection, quand ils y arrivent, que progressivement et jamais du premier coup. Aussi, de même que l’orthographe française,^ modifiée et perfectionnée dans une seconde édition du dictionnaii e de l’Académie, a été fixée seulement dans les premières années de notre siècle, l’orthographe bretonne de dom Le Pelletier, œuvre du temps, revue et corrigée scientifiquement, devait recevoir de Le Gonidec son dernier poli et son immutabilité. Adoptant la manière d’écrire de son prédécesseur et profitant de ses avis, il se borna à retrancher de l’alphabet breton la lettre c, quand elle n’est pas liée à un /^, et la remplaça par k, dans toutes les circonstances où elle en a le son (i) ; il rétablit aussi, avec les anciens, le g pur et simple, auquel Le Pelletier joignait inutilement un h, puisqu’il répond au y des Grecs et au g des Allemands, et qu’on ne peut d’ailleurs le confondre avec le y, qui a son caractère particulier (2). Il simplifia encore l’emploi du w, presque toujours employé par dom Le Pelletier, à l’exclusion de la diphtongue ou. Il ne s’en servit que dans les mots dont le radical commence par un g, où il est indispensable, à cause des permutations, et pour laisser voir ce radical (3), dernière amélioration importante (/j). Modifiée et perfectionnée de la sorte, l’orthographe bretonne est d’accord avec les principes sur lesquels la science a fondé les plus belles qualités des langues, je veux dire l’étymologie, la dérivation, la régularité, la distinc- (1) Par cette raison, il la conserva dans les Ce serait la même équivoque que dansles mots mots chupenn, chéiu, etc., qui se prononcent français anguille et aiguille. comme en français ; et dans lesmots (^r/ac’/iar, (3) Ainsi ddiBs gwarek, qui, en construction, »iarc7i, elc., qui se prononcent (^ia/ioretmar/i, devient i^areA,• àansgwella, qui devient tceldu gosier. Mais il écrivit /canria, kébér ki, la ; à^ns g wall, qui àcient wall ; dans gwenyï, koTsen, kûz, krés, skoul, slork, etc., confor- qui devient wenn, etc. Nous avons vu (p. xxxiv) raément au vocabulaire du ix’^ siècle, où Ton cette orthographe usitée à l’époque brillante peut voir ces mots orthographiés de cette façon, de la langue bretonne où l’on écrivait tvigar (Voy. De Courson, loco citalo, p. 433 et 437.) (pour gwigar), wallon {pour gwallon), wenn (Ü) Il écrit donc, comme l’auteur du voca- (pour gwenn), wézen (pour gwézen.) bulaire breton de 882, ger, gil, kigel, etc. (4 ; Je ne parle pas de celles qui n’ont guèrcs L’u introduit dans ces mots durant la déca- de valeur et d’utilité que dans les dictionnaires dence, ne servait, on l’a déjà dit, qu’à rendre et les grammaires, telles que l’emploi, 1" du trompeur le son de la syllabe qui en provenait. Ñ espagnol, pour rendre le g ou n mouillé ; Comment, par exemple, distinguer le son 2° d’un l ainsi souligné, i., pour exprimer le de ^i{ dans gilkam qu’on doit prononcer son du double ii mouillé ; 3" du Ñ. pourmarghilkam, si on écrit guilkam, de celui de quer I’n nazal ; et enfin des accents figurés de gnil dans guillvu qu’on prononce gu-iUoul toute espèce.