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GRAMMAIRE

BRETONNE.


INTRODUCTION.

La Grammaire est l’art de réduire en règle les principes communs à toutes les langues. Les langues sont composées de phrases, les phrases de mots, les mois de syllabes et les syllabes de lettres. Les lettres sont donc les premiers matériaux du langage.

L’alphabet breton est compose de vingt-quatre lettres, dont voici l’ordre et la figure.

DE L’ALPHABET.

A, B, K, D, E, F, G, H, CH, C’H, I, J, L, M, N, 0, P, R, S, T, U, V, W, Z.

Les lettres se divisent en voyelles et en consonnes.

Les voyelles sont au nombre de six, a, e, i, o, u, w.

On les appelle voyelles, parce qu’elles forment une voix ou un son d’elles-mêmes, sans l’appui d’autres lettres.

Il existe encore deux sons simples dont l’alphabet ne fait pas mention dans le nombre des voyelles. Comme il n’y a, à ma connaissance, aucun caractère unique qui puisse les représenter, j’ai pris le parti d’y suppléer, en employant, comme dans le français, deux voyelles, qui, réunies, peuvent rendre les sons dont il s’agit. Je peindrai donc ainsi ces deux sons : eu, ou. Exemples : keüneud, bois à brûler ; gouzout, savoir.

Les consonnes, ainsi appelées parce qu’elles n’ont de son qu’avec une voyelle devant ou es, sont les dix-huit autres lettres de l’alphabet :

B, K, D, F, G, H, CH, C’H, J, L, M, N, P, R, S, T, V, Z.

bé, ké, dé, fé, gué, hé, ché, c’hé, jé, lé, mé, né, pé, ré, sé, té, vé, zé.

De ces dix-huit consonnes, sept sont régulièrement muables ou sujettes à permutation pour la douceur de la prononciation, savoir : B, K, D, G, M, P, T. Nous parlerons bientôt de ces lettres muables.

De la prononciation des voyelles.

1o Les cinq voyelles a, e, i, o, u, ont le même son que dans le français. Il faut seulement observer que les quatre voyelles a, i, o, u, ont quelquefois un son plus ouvert et plus allongé, et alors elles seront surmontées d’un accent circonflexe. Exemples : va zâd, mon père ; ar c’hâd, le lièvre ; mâd, bon ; ar frî, le nez ; ann tî, la maison ; gwîn, du vin ; ar môr, la mer ; gôlô, couverture ; ann dûd, les gens ; , noir.

2o L’e a aussi doux sons différents. Toutes les fois qu’il portera un accent aigu, on le prononcera comme dans les mots français bomé, été. Exemples : éva, boire ; gwélé, lit. Lorsqu’il sera écrit sans accent, on le prononcera comme dans les mots avec, bergère, cessation. Exemples : gwennek, sou ; barner, juge ; dervez, journée.

3o L’w est toujours suivi d’une autre voyelle, dont il ne saurait être séparé dans la prononciation. Il a le même son que dans les mots anglais war, was, water. Exemples : gwalen, verge ; gwénanen, abeille ; war, sur ; gwir, vrai.

De la prononciation des Consonnes.

Quoique plusieurs des consonnes de l’alphabet breton ne diffèrent en rien de l’articulation des consonnes françaises, je vais cependant les passer toutes en revue, en indiquant leur rapport ou leur différence le mieux qu’il me sera possible.

1o B se prononce comme en français. Exemp. : bara, pain ; béz, tombe ; bleûd, farine ; mab, fils, etc.