Aller au contenu

Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/101

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
93
LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

— Un vilain mot ? Oh si, dites, dites vite.

— Ça signifie : Imbécile.

— Imbécile ! Ah, imbécile ! Non, c’est trop drôle. Elle est épatante.

Et elle rit, elle rit, la vieille Cécilia ! Ses nichons ballottent dans son peignoir, son ventre tressaute… Je regarde le portrait de Reutlinger. Elle suit mon regard, et tout à coup, sans transition :

— Pas mal, n’est-ce pas ? Il date de l’an dernier. Vraiment, quel grand artiste, ce Reutlinger !

Et Cécilia bavarde ; elle ne tarit pas, une vraie pie. Moi, ça m’amuse, ce babillage incohérent. Elle me parle de ses chiffons, de ses robes, de ses dentelles ; puis elle me montre ses bijoux. Des merveilles ! Une fortune énorme ! C’est une cascade de perles, de diamants, de rubis, d’émeraudes…

Ensuite, elle me conduit dans son boudoir, un bijou, garni de petits meubles dorés, avec des coussins en liberty partout ; je visite sa chambre à coucher, j’admire son lit, un meuble splendide, sculpté et garni d’appliques en argent… Un autel. L’autel de l’amour, évidemment.