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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

Et cependant, quelque chose tempère mon regret. Cette jolie chambre garde encore le relent de l’homme… des bouts de cigarettes traînent dans la cheminée ; le lit me paraît cynique avec ses deux oreillers disposés côte à côte comme chez une femme mariée. Il me semble que la chambre d’hôtel qui m’attend va me purifier ; le lit en sera virginal. Je vais redevenir pure…

C’est fini : ma malle est bouclée ; je ne laisse rien derrière moi. Adieu, jolie chambre !

Je sors à pieds ; Lucien m’apportera mes paquets à l’hôtel Racine. J’ai envie d’habiter le quartier latin ; il m’attire, ce quartier ; et puis, cela me changera. Je me réjouis déjà de flâner au Luxembourg, de m’asseoir sur une chaise dure, sous les marronniers et de regarder les enfants jouer, les étudiants faire la cour aux « étudiantes » et les pigeons voler au-dessus de la pièce d’eau.

Et la musique militaire, tous les deux jours ! J’adore les flons-flons des cuivres et je me régalerai.

Ça me changera aussi de l’éternel et agaçant : Viens, Poupoule, de Cécilia.