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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

rocher menacent l’Italie. Plus loin, les glaciers du Trient, coupés de gorges sombres et de pics échevelés, et dominant tout, la Dent du Midi majestueuse, aux sept aiguilles hardiment dressées vers le ciel pur. Puis, du côté du lac, les montagnes du Chablais.

Le vieux marche, sans dire un mot, le dos courbé. Le sentier tourne sur lui-même, entre des sapins et des herbes, et nous arrivons à un vieux petit chalet roux, perché comme une pie sur la pente d’un pâturage, juste au-dessous de l’hôtel du Mont-Blanc. Je suis ravi ; c’est là que je vais vivre. Tout près du chalet se trouve un énorme sapin, plusieurs fois séculaire, dont les branches caressent le sol. Le pâturage descend en pente rapide jusqu’au village ; il y a une jolie route qui y conduit, mais je préfère le raidillon qui passe dans les prés et qui dévale le long des haies.

Ouf, je suis chez moi. Voyons un peu mon chez moi. Dame, ce n’est pas grand, grand, ni très luxueux ; il y a mieux, avenue du Bois-de-Boulogne, et cependant je préfère ceci à cela.

La cuisine toute petite, avec un fourneau, un vrai fourneau ; à côté, la salle à manger, toute petite aussi ; au premier, à l’unique étage,