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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

toutes les grandeurs (des feuilles, pas des tables), et vraiment, celle qui les a griffonnées n’avait aucun sens de la symétrie. Les unes ont trois pieds de longueur, d’autres, à peine la hauteur d’un misérable in-8. Ce qu’elle avait surtout, l’autoresse, c’est un don très développé de caricaturiste, et la plupart des feuilles sont ornées de bonshommes et de bonnes femmes telles qu’on en peut voir sur les murs lorsque les gosses de la Maternelle réussissent à chiper un bout de craie.

Heureusement, elles sont numérotées, les feuilles. En effet, c’est bien un journal, le journal de ma vie, les mémoires de mes souffrances…

Elle a dû beaucoup souffrir, la pauvre fille qui pleure en ce manuscrit, car il ne comporte pas moins de 560 pages entrecoupées de caricatures et de dessins hiéroglyfiques. Je cherche son nom… Elle est modeste, elle n’a même pas signé son œuvre. Voyons, pourtant. Ah ! là Ju… Juliette Audéoud, Tiens, Juliette, Jette ! Joli nom. Je parie qu’elle a dû être jolie ; d’ailleurs elle doit le dire au cours de son long sanglot.

N’est-il pas curieux que toutes les femmes, aussi bien les Juliettes que les Pétronies ou les