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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

pondre et prenant les deux garçons qui tremblaient de peur, je sortis de la chambre. Un valet referma aussitôt la porte derrière moi et j’entendis alors un grand bruit de vaisselle brisée, des jurons effroyables et les cris de douleurs des larbins que le grand-duc bourrait de coups de pied. Je remis les jeunes princes aux mains de leurs valets et je me réfugiai dans ma chambre où je m’effondrai sur le lit, sanglotante. Mon parti était pris. Je ne pouvais rester une minute de plus dans cette maison ; je m’en irai, n’importe où, à la rue, dans la nuit…

Ma malle était encore ouverte. Vite, je la remplis des objets à peine déballés, et mettant mon chapeau, je m’apprêtai à descendre. Mais au même instant, un valet en livrée frappa à ma porte et me dit, d’un ton cérémonieux :

— Son Altesse Mme la grande-duchesse prie mademoiselle de se rendre dans ses appartements.

Je suivis le valet, sans prendre la peine d’enlever mon chapeau.

La pauvre petite duchesse était couchée sur son éternelle chaise-longue, au fond de