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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/60

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

sonnages considérables, à leur illustre cousine.

Quand ils furent habillés, je les conduisis vers leur mère qui les serra sur son cœur avec amour. Le dîner fut rapidement expédié.

Majestueux dans son superbe uniforme d’aide de camp, tout chamarré d’or et constellé de décorations, le grand-duc s’étudiait à conserver une attitude imposante ; ce soir-là, il s’abstint de cribler les valets de boulettes de mie de pain et il ne but que deux verres de wodka. Les enfants, trop énervés, ne mangeaient pas ; la duchesse, toujours un peu absente, demeurait silencieuse.

Dès que le dîner fut terminé, je conduisis les enfants au petit salon bleu où ils devaient m’attendre, et je procédai rapidement à ma toilette. J’avais une jolie robe en soie noire qui moulait merveilleusement ma taille ; légèrement décolletée, je pouvais dignement figurer, moi, simple gouvernante, dans ce bal splendide où toute l’aristocratie allait défiler. Une étoile en diamants, vieux bijou familial que ma mère m’avait donné, rehaussa de ses feux mon teint rosé par l’émotion.