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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/85

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

venaient adoucir l’amertume de mes pensées.

Pauvre femme, pauvres enfants !

Ce que j’ai pleuré, durant cette longue journée qui suivit le viol ! Prétextant un malaise — et d’ailleurs n’étais-je pas malade moralement et brisée par tout le corps — j’avais prié la duchesse de m’excuser et j’étais restée dans ma chambre. À deux reprises, le grand-duc était venu frapper à ma porte, mais j’avais évité de répondre, et de guerre lasse, il s’en était allé.

Vers le soir, on frappa de nouveau et Lina me pria d’ouvrir, ce que je fis avec empressement. Ah ! comme je me suis jetée dans ses bras en sanglotant.

Et je lui ai tout raconté, oui, sans honte ; j’ai dit la ruse du grand-duc, j’ai refait la scène du viol et mon évanouissement, et ma surprise de me trouver, plus tard, dans le lit du maître, enfin tout.

Et Lina, les sourcils froncés, répétait à chaque instant :

— Ça ne m’étonne pas…

Quand j’eus terminé, Lina me prit dans ses bras pour me consoler.

— Voyez-vous, Juliette, il vaut encore