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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/119

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CCXVI

L’Empereur fait garder le corps de Roland,
Celui d’Olivier et de l’archevêque Turpin ;
Il les fait tous ouvrir devant lui.
On recueille leurs cœurs dans une pièce de soie,
Et on les enferme dans des cercueils de marbre blanc.
Puis on prend les corps des trois barons,
On les met dans des cuirs de cerf
Après les avoir frottés de piment et de vin.
Le Roi commande à Thibault et à Gébouin,
Au comte Milon et au marquis Othon :
« Menez-les par les chemins sur trois charrettes ! »
Les corps sont bien couverts d’un drap de Galaza.


CCXVII

L’Empereur Charles veut partir,
Quand surgissent les avant-gardes païennes.
Deux messagers se détachent du front,
Et, au nom de l’Émir, annoncent la bataille :
« Roi orgueilleux, tu ne dois pas t’enfuir ;
Voici Baligant qui chevauche sur tes traces.
L’armée qu’il amène d’Arabie est immense ;
Nous connaîtrons aujourd’hui ta vaillance. »
Le Roi Charles a saisi sa barbe
Au souvenir du deuil et du désastre.
Puis il regarde fièrement toute son armée
Et s’écrie à voix haute et claire :
« Barons français, à cheval et aux armes ! »


CCXVIII

L’Empereur s’arme le premier ;
Il endosse rapidement sa broigne,
Lace son heaume et ceint Joyeuse,
Dont le soleil n’étouffe point l’éclat.