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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/126

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Il tient de ses aïeux une vigueur immense.
Il dit à son père « Sire, chevauchons ;
Je serais bien surpris si nous voyions Charles. »
Baligant dit : « Nous le verrons, car c’est un vrai preux,
Dans mainte histoire on en parle avec honneur.
Mais il a perdu son neveu Roland
Et ne pourra pas tenir contre nous. »


CCXXXIII

« Beau fils Malprime, dit Baligant,
Hier fut tué le bon vassal Roland
Et Olivier, le preux et le vaillant.
Les douze Pairs, que Charles aimait tant,
Et avec eux vingt mille combattants.
Tous les autres, je ne les prise pas un gant.
Sûrement, l’Empereur est de retour,
Mon messager, le Syrien, me l’a annoncé.
Il a formé dix immenses colonnes.
C’est un brave, celui qui sonne l’olifant,
Et son compagnon lui répond avec une claire trompette ;
Ils chevauchent devant, au premier rang.
Et ont avec eux quinze mille Français,
De ces bacheliers que Charles appelle « enfants ».
Après ceux-là, il en arrive autant
Qui frapperont avec beaucoup d’orgueil. »
Malprime dit : « Accordez-moi l’honneur du premier coup. »


CCXXXIV

« Beau fils Malprime, lui a dit Baligant,
Je vous octroie ce que vous me demandez.
Vous irez, sans plus tarder, attaquer les Français.
Vous emmènerez Torleu, le roi de Perse,
Et Dapamort, le roi des Leutis,
Si vous pouvez mater le grand orgueil de Charles,
Je vous donnerai un pan de mon pays
De Chériant jusqu’au Val-Marquis. »