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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/127

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Et lui répond : « Sire, merci ! »
Il passe en avant et recueille le don :
Cette terre appartint jadis au roi Fleuri,
Mais jamais Malprime ne la vit,
Jamais n’en fut investi ni saisi.


CCXXXV

L’Émir chevauche à travers son armée.
Son fils le suit ; il est d’une taille gigantesque.
Le roi Torleu et le roi Dapamort
Ont rapidement formé trente colonnes.
Ils ont des chevaliers en grande abondance.
La plus faible colonne en compte cinquante mille.
La première est celle des gens de Butentrot ;
Dans l’autre sont les Micéniens à la tête énorme
Qui, au milieu du dos, sur l’échine,
Ont des soies comme les pourceaux.
La troisième est composée de Nubiens et de Bios ;
La quatrième, de Bruns et d’Esclavons ;
La cinquième, de Sorbres et de Sors ;
La sixième, d’Arméniens et de Maures ;
La septième, de ceux de Jéricho ;
La huitième de Nègres, la neuvième de Gros,
Et la dixième de Balide-la-Forte.
Cette race ne voulut jamais le bien
L’Émir jure, tant qu’il le peut,
Par la vertu et par le corps de Mahomet :
« Charles de France chevauche comme un fou,
Il y aura bataille, et s’il ne la refuse
Jamais plus il n’aura au front couronne d’or ! »


CCXXXVI

Ils établissent ensuite dix colonnes :
La première, de hideux Chananéens,
Venus par le travers de Val-Fuit ;
L’autre est de Turcs, la troisième de Persans,