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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/152

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Ganelon meurt en félon et en lâche.
Qui trahit son prochain ne saurait s’en vanter.


CCXCIII

Quand l’Empereur a accompli sa vengeance,
Il appelle ses évêques de France,
Ceux de Bavière, et ceux d’Allemagne :
« Dans ma maison, j’ai une noble captive.
Touchée par tant de sermons et d’exemples.
Elle veut croire en Dieu et demande chrétienté.
Baptisez-la pour que Dieu ait son âme. »
Et eux lui répondent : « Qu’elle ait des marraines !
Vous avez ici assez de dames de haut lignage. »
Grande est la foule réunie aux bains d’Aix.
On y baptisa la reine d’Espagne,
On lui donna le nom de Julienne ;
À parfait escient, elle devient chrétienne.


CCXCIV

Quand l’Empereur eut ainsi fait justice
Et apaisé sa terrible colère.
Quand il eut mis la foi au cœur de Bramimonde,
Le jour se passe et la nuit est venue.
Le Roi se couche en sa chambre voûtée.
Saint Gabriel vient lui dire au nom de Dieu :
« Charles, convoque les armées de ton empire,
Va en force dans la terre de Bire,
Va secourir le roi Vivien dans Imphe,
Dans cette ville que les païens assiègent.
Les chrétiens t’y réclament à grands cris. »
L’Empereur voudrait bien n’y pas aller :
« Dieu ! dit le Roi, que ma vie est peineuse ! »
Il pleure des yeux, tire sa barbe blanche.
Ici finit la geste de Touroude.