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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/151

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Puis il les jette, et on lui en revêt d’autres.
Très doucement, on désarme le chevalier,
On le fait monter sur une mule d’Arabie,
Puis tous reviennent en grande joie.
On arrive à Aix, on descend sur la place.
Alors commence le supplice des autres.


CCXCI

Charlemagne appelle ses comtes et ses ducs :
« Quel est votre avis, au sujet de ceux que j’ai gardés ?
Ils sont venus au plaid en faveur de Ganelon,
Et se sont proposés comme otages pour Pinabel. »
Les Français répondent : « Que pas un d’eux ne vive ! »
Le Roi commande à son viguier, Basbrun :
« Va, pends-les tous à cet arbre maudit.
Par cette barbe, dont les poils sont chenus.
S’il en réchappe un seul, tu es mort, et confondu avec eux. »
Et celui-ci de répondre « Qu’ai-je à faire autre chose ? »
Avec cent sergents, il emmène de force les condamnés,
Et tous les trente sont pendus.
Le traître ainsi se perd et perd autrui.


CCXCII

Là-dessus s’en retournent Bavarois et Allemands,
Poitevins, Bretons et Normands.
Les Français plus que tous les autres sont d’avis
Que Ganelon meure d’un atroce supplice.
Ils font donc avancer quatre destriers,
Puis on attache les pieds et les mains du traître.
Les chevaux sont farouches et rapides ;
Quatre sergents les dirigent
Vers une jument qui est au milieu du champ.
Ganelon est tourné à sa perte ;
Tous ses nerfs sont tendus à se rompre.
Et tous les membres de son corps se déchirent
Le sang clair s’épand sur l’herbe verte.