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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/22

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Ours, et lions, et leviers en laisse,
Sept cents chameaux, mille autours qui ont mué,
Quatre cents mulets chargés de l’or de l’Arabie
Avec plus de cinquante chars remplis de même.
Mais il demande que je retourne en France,
Il m’y rejoindra dans mon palais d’Aix
Pour y recevoir notre loi, qui est celle du salut.
Devenu chrétien, c’est de moi qu’il tiendra ses Marches,
Mais je ne sais quelle est sa secrète pensée. »
Les Français disent : « Il nous faut prendre garde ! »


XIV

L’Empereur a fini d’exposer l’affaire.
Le comte Roland, qui est d’un avis contraire,
Se dresse sur ses pieds et combat les propositions.
Il dit au Roi : « Ne croyez pas aux promesses de Marsile.
Voilà sept ans que nous sommes venus en Espagne ;
Je vous ai conquis Nobles et Commible,
J’ai pris Valterne et la terre de Piña,
Et Balaguer et Tudèle et Séville.
Le Roi Marsile s’est toujours conduit en traître.
Jadis, il vous envoya quinze de ses païens
Portant chacun un rameau d’olivier
Qui vous tinrent le même langage.
Vous prîtes conseil de vos Français
Qui partagèrent votre avis avec légèreté.
Vous envoyâtes alors au païen deux de vos comtes,
L’un était Basan, et l’autre Basile,
Et Marsile les fit décapiter dans les montagnes au-dessus d’Haltoïe.
Poursuivez la guerre comme vous l’avez entreprise,
Menez votre armée devant Saragosse,
Assiégez-la toute votre vie.
Mais vengez ceux que le félon fit périr. »