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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/29

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LA TRAHISON DE GANELON

XXIX

Ganelon chevauche sous de hauts oliviers ;
Il rejoint les envoyés sarrasins,
Car Blancandrin, pour l’attendre, a ralenti sa marche.
Avec une grande habileté, ils commencent l’entretien.
Blancandrin dit : « Charles est vraiment un homme merveilleux,
Il a conquis la Pouille et toute la Calabre,
Il a passé la mer salée du côté de l’Angleterre
Pour conquérir à saint Pierre le tribut de cette nation ;
Mais pourquoi vient-il nous poursuivre chez nous ? »
Ganelon répond : « Telle est sa volonté,
Et jamais homme ne tiendra contre lui. »


XXX

Blancandrin dit : « Quels vaillants hommes que les Français !
Mais pourtant, ils font grand tort, ces ducs et ces comtes,
Qui donnent à leur seigneur de tels conseils.
Ils le tourmentent et le perdent, et, avec lui, beaucoup d’autres. »
Ganelon répond : « Je n’en sais pas un qui mérite ce blâme,
Sauf Roland, et il n’en tirera que de la honte.
Hier matin, l’Empereur était assis à l’ombre ;
Son neveu vint à lui, vêtu de sa broigne.
C’était près de Carcassonne où il avait fait un riche butin.
Dans sa main, il tenait une pomme vermeille
« Tenez, beau sire, dit Roland à son oncle,
« Je vous offre les couronnes de tous les rois de la terre. »
Mais son orgueil devrait causer sa perte,