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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/30

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Car chaque jour il s’expose à la mort.
Que quelqu’un vienne à le tuer, nous jouirons d’une paix profonde. »


XXXI

Blancandrin dit : « Roland est bien cruel
De vouloir réduire à merci tous les peuples
Et de réclamer ainsi pour son bien toutes les terres.
Sur quels gens compte-t-il pour mener à bien pareille entreprise ?
— Sur les Français, répond Ganelon.
Ils l’aiment tant qu’ils ne lui feront pas défaut.
Il les comble d’or et d’argent,
De mulets et de destriers, de soie et d’armes.
L’Empereur doit tout à sa valeur.
Il conquerra le monde d’ici jusqu’en Orient. »


XXXII

Roland et Blancandrin ont tant chevauché
Qu’ils se sont mutuellement engagé leur foi
Pour chercher le moyen de faire périr Roland.
Ils ont tant chevauché par voies et par chemins
Qu’arrivés à Saragosse, ils mettent pied à terre sous un if.
À l’ombre d’un pin est un fauteuil
Recouvert de soie d’Alexandrie.
Là est le Roi qui possède l’Espagne tout entière.
Tout autour de lui sont vingt mille chevaliers ;
Mais parmi eux personne ne sonne ni ne tinte mot,
Dans l’attente des nouvelles qu’ils voudraient déjà connaître.
Voici venir Ganelon et Blancandrin.


XXXIII

Blancandrin s’avance devant Marsile,
Tenant par le poing le comte Ganelon.
Il dit au Roi : « Salut au nom de Mahomet
Et d’Apollon dont nous observons la loi.
Nous avons fait votre message à Charles.