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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/45

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Gautier parcourt les défilés et les montagnes.
Il n’en descendra pas, si mauvaises soient les nouvelles,
Avant que sept cents épées aient été tirées.
Le roi Almaris, du royaume de Belferne,
Lui livra ce jour même une rude bataille.


LXVII

Charles est entré dans le défilé de Roncevaux ;
Le duc Ogier, le baron, fait l’avant-garde,
Il n’y a rien à craindre de ce côté.
Roland demeure pour protéger les autres
Avec Olivier et les douze Pairs
Et vingt mille bacheliers, tous Français de France.
Ils auront bataille ; que Dieu les secoure !
Ganelon le sait, le félon, le parjure,
Mais il a reçu le prix de son silence.


LXVIII

Hautes sont les montagnes et ténébreuses les vallées,
La roche est noire, les défilés terribles.
Ce jour-là, les Français passent à grand’peine.
De quinze lieues on entendit le bruit qu’ils font.
Au moment où, se dirigeant vers la Grande Terre,
Ils virent la Gascogne, la terre de leur seigneur.
Alors, il leur souvint de leurs fiefs et de leurs domaines,
De leurs filles et de leurs nobles femmes,
Il n’en est pas un qui ne pleure de tendresse.
Mais, plus que tous, Charles est plein d’angoisse,
Il a laissé son neveu aux défilés d’Espagne :
Dans sa douleur, il ne peut retenir ses larmes.


LXIX

Les douze Pairs sont restés en Espagne ;
Ils ont, en leur compagnie, vingt mille Francs
Qui n’ont crainte, ni peur de mourir.