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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/76

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L’APPEL DU COR

CXXXI

Le comte Roland voit la grande perte des siens ;
Il interpelle son compagnon Olivier :
« Cher compagnon, par Dieu (qu’il vous bénisse)
Vous voyez tant de bons vassaux gisants à terre :
Il y a lieu de plaindre la douce, la belle France
Qui va se trouver privée de tels barons.
Ah ! Roi, notre ami, que n’êtes-vous ici ?
Olivier, mon frère, comment faire
Pour lui mander de nos nouvelles ? »
Olivier dit : « Je ne sais comment l’aller chercher,
Mais mieux vaut la mort que le déshonneur ! »


CXXXII

Roland dit : « Je sonnerai de l’olifant.
Et Charles, qui passe aux défilés, l’entendra.
Je vous assure que les Francs rebrousseront chemin. »
Olivier dit : « Ce serait grande honte,
Et vos parents en auraient le reproche.
Ce déshonneur les suivrait toute leur vie.
Quand je vous donnai ce conseil, vous n’en fîtes rien.
Maintenant, je ne vous donnerai pas mon approbation.
Si vous sonnez du cor, ce ne sera pas d’un brave.
Vos deux bras sont déjà tout sanglants. »
Le comte répond : « J’ai donné de jolis coups ! »