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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/84

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Et ils se disent les uns aux autres : « Pour nous, prenons la fuite.
À ce mot, cent mille hommes s’en vont.
On peut bien les rappeler, ils ne retourneront pas.


CXLVI

Mais, à quoi bon ? Si Marsile est en fuite,
Il est resté son oncle le Kalife,
Qui tient Carthage, Alferne, Garmalie
Et l’Éthiopie, une terre maudite.
Il a en vasselage la race noire.
Ils ont le nez grand, les oreilles larges,
Et sont plus de cinquante mille ensemble.
Ils chevauchent fièrement, et avec colère.
Puis ils jettent le cri de guerre païen.
Roland dit : « Nous allons être massacrés,
Et maintenant, nous n’avons plus longtemps à vivre,
Mais félon qui ne vendra pas chèrement sa vie !
Frappez, seigneurs, de vos épées fourbies,
Et défendez et votre mort, et votre vie.
Quand Charles, mon seigneur, viendra sur ce champ de bataille,
Il verra les Sarrasins si bien châtiés
Que pour un des nôtres, il en trouvera quinze de morts.
Alors, il ne laissera pas de nous bénir. »


CXLVII

Quand Roland voit cette race maudite
Qui est plus noire que l’encre,
Et qui n’a rien de blanc que les dents,
Le comte dit : « Je sais clairement,
Et c’est bien mon avis, que nous mourrons aujourd’hui.
Frappez, Français, c’est mon commandement. »
Et Olivier : « Malheur aux retardataires ! »
À ces mots, les Français se ruent en bataille.


CXLVIII

Quand les païens voient qu’il y a si peu de Français,