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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/89

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L’APPROCHE DE CHARLEMAGNE

CLVII

Le comte Roland est un noble guerrier,
Gauthier de l’Hum est un excellent chevalier,
L’archevêque est un homme de cœur éprouvé ;
Aucun d’eux ne veut rien laisser faire aux autres.
Au plus fort de la mêlée, ils frappent les païens.
Mille Sarrasins descendent à pied
Et ils sont quarante mille à cheval.
En vérité, ils n’osent s’approcher,
Mais lancent contre eux lances et épieux,
Javelots, dards, flèches et piques.
Leurs premiers coups ont tué Gauthier.
Turpin de Reims a son écu percé,
Son heaume brisé, il est blessé à la tête,
Son haubert est rompu et démaillé.
Il a quatre épieux au travers du corps ;
Ils lui tuent sous lui son destrier
Et c’est grand deuil quand l’archevêque tombe.


CLVIII

Lorsque Turpin de Reims se sent abattu
Avec quatre épieux au travers du corps,
Le brave se relève vivement,
Aperçoit Roland, et court à lui.
Il ne dit qu’un seul mot : « Je ne suis pas vaincu !
Jamais un bon soldat n’est réduit vivant. »
Il tire Almace, son épée d’acier bruni,