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Page:La chanson de Roland - traduction 1911.djvu/91

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Ils livrent à Roland un rude et cruel assaut.
Et maintenant, le comte a fort à faire.


CLXI

Quand le comte Roland les voit venir,
Tout plein de force, d’orgueil, et d’ardeur,
Il ne cédera point tant qu’il sera vivant.
Monté sur son cheval qu’on nomme Veillantif,
Il le pique de ses éperons d’or fin.
Dans la grande mêlée, il va attaquer les païens,
Accompagné de l’archevêque Turpin.
Les Sarrasins se disent l’un à l’autre : « Çà, sauvez-vous, amis.
Nous avons entendu les trompettes de France.
Charles, le Roi puissant, est de retour ! »


CLXII

Jamais le comte Roland n’aima les lâches,
Les orgueilleux, ni les méchants.
Ni un chevalier qui ne fût brave.
Il s’adresse à l’archevêque Turpin :
« Sire, dit-il, vous êtes à pied, et je suis à cheval.
Je m’arrêterai ici, pour l’amour de vous ;
Nous partagerons bonne et mauvaise fortune ;
Je ne vous quitterai pour nul homme de chair.
Nous allons rendre aux païens leur assaut ;
Les meilleurs coups sont ceux de Durandal ! »
L’archevêque dit : « Félon qui ne frappera pas de toute sa force ;
Charles arrive, qui nous vengera. »


CLXIII

Les païens disent : « Nous sommes nés pour notre malheur !
Le jour qui s’est levé est funeste pour nous !
Nous avons perdu nos seigneurs et nos pairs.
Charles, le baron, revient avec sa grande armée,
Nous entendons les claires trompettes de France.