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JE ME REPENS DE VOUS AVOIR AIMÉE
Je me repens | → | de vous avoir aimée, |
Puisque autrement | n’avez voulu mon bien, | |
Et que jamais | ne voulûtes en rien | |
Chose qui soit | au gré de ma pensée. | |
Je vous tenais | sur toute femme née | |
La plus parfaite, | mais je vois maintenant | |
Qu’il vous faudra | nommer totalement | |
La sans merci : | c’est male renommée. | |
Hé Dieu ! hélas ! | que fera ma pensée | |
Ce temps d’été, | ce mois de mai qui vient ? | |
Réconfortez | ce pauvre languissant, | |
Las ! qui ne sait | où est sa mieux aimée. | |
Vrai dieu d’amour, | qui savez ma pensée, | |
Je vous supplie | et requiers humblement | |
Que devant vous | soit fait le jugement | |
D’elle et de moi | qui a sa foi faussée. | |
Et si j’ai tort, | sentence soit donnée | |
Encontre moi | le plus cruellement, | |
Et condamné | sois perpétuellement | |
En une tour | obscure et bien fermée. | |
Hélas ! madame, | tant vous ai désirée | |
Non point en mal | mais toujours en tout bien ! | |
J’ai trop aimé | ce qui n’était pas mien : | |
Plus sagement | me tiendrai l’autre année. | |
C’est grand’ folie | à créature née | |
Mettre son cœur | en ce qui n’est pas sien : | |
L’un jour s’en va | et puis l’autre revient ; | |
Amours s’en vont | comme fait la rosée. |