Page:La chanson française du XVe au XXe siècle.djvu/30

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IL FAIT BON FERMER SON HUIS


Il fait bon fermer son huis
   Quand la nuit est venue

L’autrier m’allais esbaloyer[1]
Par devant l’huis de mon voisin,
Mais il n’était pas à l’hôtel :
Il était allé au moulin ;
Il a laissé son huis ouvert,
       Sa femme toute nue.
   Il fait bon...

Lors je me pris à dépoiller[2] ;
Avecques elle me couchis ;
Elle me baisait et m’acollait,
Cuidant que ce fût son mari
Qui fût jà venu du moulin,
      Sa farine moulue.
   Il fait bon...

Quand je me fus bien ébattu
Deux ou trois heures de la nuit,
Je lui dis en deux mots sans plus
« Belle, recouvrez votre lit. »
Elle s’écria si haut cri :
      « Je suis femme perdue... »

« Je vous requiers, mon bel ami,
Qu’il ne soit mot sonné du fait.
— Je vous promets la foi de mi
Qu’ici conte n’en sera fait,
Mais ailleurs oui bien si je puis,
      Là où n’êtes connue. »
   Il fait bon...

  1. Divertir.
  2. Dévêtir.