Page:La chanson française du XVe au XXe siècle.djvu/53

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Une lardoire lui servait d’éperon ;
     Viragon, vignette sur vignon.

Le franc archer une jument avait
De poil fauveau, tant maigre et harassée,
Sa selle était de paille rembourrée ;
Après suivait son petit poulichon ;
     Viragon, vignette sur vignon.

Le franc archer chez son hôte arriva :
Vertu, morgoi, jarnigoi, je te tue. —
Tout beau, monsieur, nos oisons sont en mue.
Il l’apaisa d’une soupe à l’oignon ;
     Viragon, vignette sur vignon.

Le franc archer à son repas avait
Du lard grillé, du lait clair pour potage,
Le plus souvent de l’eau pour son breuvage,
A son dessert mangeait un champignon ;
     Viragon, vignette sur vignon.

Le franc archer de belle taille était,
Bossu, manchot, les jambes contrefaites,
Borgne et morveux, et jamais sans lunettes,
Ayant toujours les mules au talon ;
     Viragon, vignette sur vignon.

Le franc archer preux et vaillant était ;
Il assaillait fort volontiers les mouches :
Sus, disait-il, il faut que je vous touche,
Mais une guêpe lui donna l’aiguillon ;
     Viragon, vignette sur vignon.

Le franc archer revint en sa maison,
Bien empêché de retrouver sa rue,
Droit sur un pied faisant la grue,
Raide de froid était comme un glaçon ;
     Viragon, vignette sur vignon.

Le franc archer tant sa femme chercha
Qu’il la trouva logée au presbytère,
Couchée était avecque le vicaire