Page:La chanson française du XVe au XXe siècle.djvu/67

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          Que Mercure
Fût pour lors venu du Ciel,
Qu’il n’eusse su parler mieux
Bien qu’il fût appris des dieux.

Mon Dieu, que j’étais heureuse
Alors que parlementant
De chose facétieuse
Nous nous allions ébattants
          Sur la prée
          Diaprée
De mille belles couleurs,
          Quand de grâce
          Sur la place
Il cueillait de toutes fleurs
Pour un bouquet façonner
Et après me le donner.

Mon Dieu, que j’étais heureuse
Quand il me venait saisir
D’une main dévotieuse
Et sur les autres choisir.
          En la fête
          Tant honnête
Pour exercer les amours
          Des pucelles
          Damoiselles,
Me faisant faire deux tours,
D’une gente gravité
Montrant sa dextérité.

Mais maintenant malheureuse
Je ne vis qu’en déplaisir,
En me voyant douloureuse,
Ayant perdu tout plaisir
          Que doit prendre
          Et apprendre
Des amoureux courtisans
               La pucelle
          Jeune et belle
En la fleur de ses beaux ans,