Page:La chanson française du XVe au XXe siècle.djvu/69

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LÉENTIN, VEUX-TU SAVOIR COMME…


Léentin, veux-tu savoir comme
Je vis étant amoureux,
Je ne crois point qu’il soit homme
Vivant plus que moi heureux.
 
J’ai acquis une maitresse
Belle trop plus que le jour,
Qui me tient en allégresse
Et perpétuelle amour.

Son amour est mutuelle,
Pleine de toute bonté,
Elle ne m’est point cruelle
Comme celle du comté.

Bien qu’un autre la courtise,
Je n’en deviens point jaloux,
Connaissant que sans feintise
Elle m’aime par sus tous.

Je l’embrasse, je l’accolle,
Je la baise quand je veux,
Et d’une main gaie et folle
Je tortille ses cheveux.

Puis de rechef je l’embrasse,
La contemplant ocieux,
En me mirant dans sa face
Et dans ses yeux gracieux.

Ainsi béant je demeure
Comme le milan par l’air,
Et la voyant rire à l’heure
Je recouvre le parler.