Page:La chanson française du XVe au XXe siècle.djvu/70

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Puis de rechef je retourne
Plus fort à la mugueter,
Que si elle se détourne
Je la contrains d’arrêter.

Tenant sa main fretillarde,
Elle pense m’échapper
En faisant de la mignarde
Pour après me refrapper.

Si elle se veut ébattre
Avec moi je lui permets
De me battre pour la battre,
Puis après je fais la paix.

Mais ce battre ne l’attise
A courroux de se venger,
Ce n’est qu’une mignardise
Que je fais pour la ranger.

Car après je l’amadoue
Pour promptement l’apaiser,
Lui disant que je me joue
Et puis je la viens baiser.

Elle se contient pour l’heure
De plus tant me tracasser
Pour d’une grâce meilleure
Ses beaux yeux recommencer.

Pour chose que je lui fasse
Elle n’en prend point d’émoi,
Et je sais bien de sa grâce
Qu’elle n’aime autre que moi.

D’un désir insatiable
Elle me vient embraser
Quand elle voit amyable
Que je la viens caresser.

Nous nous baisotons ensemble
Et mon secret je lui dis,
Et la baisant il me semble
Que je vole en paradis.