Page:La coutume d'Andorre.djvu/187

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Une autre distinction non moins importante que la précédente sépare les parties basses et les parties hautes, les rebaixants et les montagnes. Les montagnes deviennent presque entièrement, à la belle saison, le domaine des troupeaux, qui s’en partagent les cortons : le cortó est un quartier, un lot pour l’afferme des pâturages. Les rebaixants, plus voisins des habitations, mieux garnis d’humus fertilisable, sont en très grande partie livrés à la culture.

Les pièces de terre sont inclinées : le haut se dit capsada et le pied, sualada. Peu à peu le travail tend à rendre chacune d’elles horizontale : la différence de niveau entre deux paliers est rachetée par un talus ou ribás. Le ribás peut provenir non plus de ce que le terrain supérieur s’est relevé, mais de ce que le terrain inférieur a fui vers le bas. Quelle qu’en soit la cause, il arrive souvent un moment où on retient les terres à l’aide de murs, parets, ce qui forme des gradins étagés sur les flancs des montagnes. Lorsque ces lopins sont étroits, on les désigne sous le nom de feixa. Quelquefois, les feixes sont de surface minime, très haut placées, très loin des villages ; il faut des heures pour y arriver, des heures pour enlever, à dos d’homme, les quelques gerbes qu’elles produisent. Rien ne donne mieux l’impression de la pauvreté du sol andorran et du labeur acharné qu’il en coûte pour lui arracher une maigre nourriture.

La surface cultivée, le terrain de conreu, est coupé de bandes incultes, couvertes d’herbes ou de bois rabougris : ce sont les amarges[1]. La distinction n’est pas toujours aisée entre l’amarge et le ribás, et on emploie fréquemment les deux termes l’un pour l’autre.

La mise en valeur. — Après avoir défriché, cabar, arrencar, on améliore le sol, soit en y épandant du fumier, bogar, femar, soit en tenant les troupeaux la nuit[2] dans

  1. 14 décembre 1875. « Cuant los de casa X. donaban los amarges, no aturaban may los de la mateixa casa los bestiars del hort ».
  2. Les baux à ferme des pacages imposent parfois aux fermiers l’obligation de parquer leurs bêtes sur tel ou tel point : un décret du Conseil,