Page:La coutume d'Andorre.djvu/186

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vallées sont celles des deux ruisseaux qui portent le nom de Valira : la Valira du Nord coule à peu près du Nord au Sud ; elle arrose Ordino et la Massane. Quant à la Valira de l’Est, qui se dirige du Nord-Est au Sud-Ouest, elle traverse les paroisses de Canillo et d’Encamp. Les deux Valira se rejoignent un peu en amont d’Andorre-la-Vieille ; au-dessous du confluent, la Valira trouve Andorre et Sant-Julia-de-Loria.

Ces vallées présentent une déclivité prononcée. Le port de Framiquel ou de l’Embalire, par lequel on passe généralement du bassin de l’Ariège dans le bassin de la Valira de l’Est, est à 2,445 mètres environ ; Soldeu, à 1,885 ; Canillo, à 1,579 ; Encamp, à 1,350 ; Ordino, à 1,347 ; la Massane, à 1,268 ; Andorre, à 1,079 ; Sant-Julia, à 950 ; le Runer, au point où le chemin muletier le franchit pour pénétrer en Espagne, à 880[1].

Les versants des montagnes sont déchirés par des canals ou ravins et des torrents. Les rochers abondent : roches granitiques, roches schisteuses ou lloses, d’où on tire les ardoises grossières qui servent à faire les toits ou llosats. Ces schistes se désagrègent quand survient une forte pluie ; les pentes se couvrent de longs éboulis, que l’on appelle tarters, tarteres. Çà et là, l’ossature rocheuse perce le sol et se soulève en des éminences, tossals.

Les penchants sont très différents suivant leur exposition : d’où une distinction marquée entre l’ubach ou ubaga, d’une part, le solà, la solana, de l’autre. Les solanes, chauffées par le soleil, sont plus tôt dégagées de leurs neiges ; on les cultive avec plus de soin : au printemps, elles sont égayées par le vert tendre des blés et des prairies, qu’émaille une flore luxuriante. L’ubach est d’aspect plus austère ; les friches, hermals, y sont d’un vert sombre que piquent les touffes rouges des rhododendrons, et les noires sapinières y prennent l’aspect de bataillons fantastiques lancés à l’assaut des crêtes.

  1. Ces chiffres sont approximatifs ; je les emprunte à Arthur Osona, La Republica d’Andorra, p. 103. Les deux premiers m’ont été fort aimablement fournis par M. Marcel Monmarché.