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Page:La coutume d'Andorre.djvu/236

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surplus, la législation canonique est seule à régir un chapitre important du droit de l’Andorre, les mariages[1], qui ressortissent à l’Officialité, et les autres institutions sont tout imprégnées de la croyance religieuse.

L’éducation civique, la morale fondée sur la solidarité humaine ou simplement distincte des préceptes religieux sont choses inconnues dans les Vallées : ces principes luisent à peine dans certains esprits et l’âme andorrane est entièrement pénétrée de l’idée catholique.

Les actes religieux ont en Andorre une valeur juridique : les notaires y reçoivent, par exemple, des procurations pour tenir des enfants sur les fonts baptismaux[2] et on n’y connaît pas d’actes d’état civil en dehors des baptêmes ou des mariages et funérailles célébrés à l’église. Le blasphème y est considéré comme un délit, et le Conseil général, il y a une vingtaine d’années, a pris officiellement des mesures pour empêcher la profanation des jours fériés[3]. Dans une audience en plein air de ce même Conseil général, comme il n’y avait pas de crucifix pour la prestation de serment, j’ai vu l’un des conseillers, malgré l’excommunication qui pèse sur eux, tirer de sa poche un chapelet, sur lequel juraient les témoins. Ce sont les consuls qui distribuent les bulles pour la dispense du maigre et qui en font tenir le prix à l’Évêché. Les conseils de paroisse sont de droit les administrateurs du temporel des églises[4]. En

    t. I, p. 105. — Elías, Manual del derecho civil vigente en Cataluña, 3e édition, § 10.

  1. Novembre 1504. Dans un contrat de mariage, l’époux déclare qu’avec le consentement de son père, de ses oncles et d’autres parents et amis, il prend Marguerite X. pour femme et se livre à elle pour être son mari, « ayxi com la ley de Deu ho mane e los benaventurats sanct Pere e sanct Pau de Roma o afermen, dient que so que Deu ajuste hom no deu separar » ; les formules pour la femme sont analogues. — Voir plus bas, chapitre V.
  2. J’en ai trouvé un exemple du 1er février 1896.
  3. Décret du 24 octobre 1885. — L’objet de ce décret est de réprimer des infractions à un décret récent.
  4. Le 20 décembre 1784, les deux consuls, les deux conseillers et dix prohomens de Canillo se réunissent et délibèrent sur la suppression de trois ou quatre chapelles : « Considerant nosaltres en los expressats noms que sobre la administracio de ellas tenim absolut domini y authoritat ; volent empero que la resolucio que anam a pendrer sobre est particular sia ab intervencio del reverent parroco… » : ils relèvent de leurs fonctions les