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Page:La coutume d'Andorre.djvu/238

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ran des changements prochains : la presse française[1] répand dans les Vallées des notions nouvelles ; les Andorrans qui séjournent en France trouvent, au retour, bien vétuste tel ou tel usage, comme la dîme ou l’institution d’héritier. De cette action il est résulté moins des dispositions positives[2] qu’une certaine orientation des esprits, une effervescence de l’opinion. Dans l’évolution qui se prépare, l’idée française tiendra, si je ne me trompe, le rôle principal.

Par contre, le droit canonique et les principes religieux ont dès à présent perdu beaucoup de terrain. C’est à l’occasion des dîmes.

Les dîmes grevaient lourdement l’agriculture : pour le blé, le taux était de deux gerbes par caballon, soit 2/17 ; pour le croît des troupeaux, de 1/10e. Depuis longtemps, l’Andorre essayait de se soustraire à cette charge ; le conflit éclata à propos de la part de dîmes qui appartient au Chapitre. L’Évêque excommunia en bloc les autorités et fit suspendre les franchises douanières dont les produits andorrans bénéficiaient à leur entrée en Espagne. C’était jouer, sur une question d’intérêt, une partie dont l’enjeu était le maintien de l’idée catholique dans les Vallées, et cette partie, le Prélat et son Chapitre l’ont absolument perdue : non seulement les Andorrans ne sont pas venus à résipiscence[3], mais encore ils ont pris, sous la pression des événements, des décisions qui dénotent un esprit quelque peu révolutionnaire[4]. Jusqu’au jour où il a été transféré

  1. Les journaux français sont peu répandus en Andorre : on y reçoit, à ma connaissance, un exemplaire d’un journal de Perpignan et deux ou trois exemplaires d’un journal de Toulouse, l’un et l’autre nettement, sinon violemment anti-cléricaux.
  2. Il faut faire exception pour la mesure toute récente qui abolit les dîmes.
  3. Les 13 avril et 8 mai 1903, deux conventions ont supprimé la dîme que percevaient le Chapitre et l’Évêque ; la dîme est remplacée par une redevance fixe payée à l’Évêque, lequel assure le traitement du clergé.
  4. 30 mai 1892. Délibération du Conseil général exposant que le payement de la dîme est une affaire personnelle à chaque intéressé et que les comuns ne peuvent pas en ces matières obliger les particuliers. — 17 mars 1894. Décret du Conseil général proclamant que les administrateurs légaux des églises sont les comuns, les curés étant simplement chargés des recouvrements : le consul ou le sacristain devront intervenir dans les aliénations. — 9 mai 1894. Décret du Conseil autorisant les comuns à