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Page:La coutume d'Andorre.djvu/239

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sur un autre siège, l’évêque d’Urgel n’a plus paru en Andorre. Les decrets du Conseil sur le repos du dimanche sont publiquement violés et la piété a subi, je m’en suis rendu compte, une sensible diminution.

Lacunes de la coutume. — La combinaison de ces divers éléments, catalan, romain et canonique, a produit la coutume andorrane. Cette coutume est incomplète, et même sur les points où elle est fixée, elle fait de larges emprunts à d’autres législations. Est-il possible qu’il en soit autrement ? La loi de l’Andorre est faite avant tout de pratiques, de précédents ; or, un groupe aussi restreint n’a pas un nombre suffisant de litiges pour alimenter une jurisprudence. Ce n’est pas tout, et cette jurisprudence, n’étant consignée dans aucun recueil méthodique, est indécise et flottante : les espèces se représentent à des intervalles trop éloignés pour que les décisions forment une tradition continue. De là, même sur des questions courantes, une incertitude qui déconcerte parfois. Pour savoir quels sont les droits de la veuve sur les biens du mari, je me suis adressé à des notables, à d’anciens bayles, aux bayles en exercice, à des juristes : ils m’ont donné cinq réponses.

Est-ce à dire que la coutume d’Andorre n’existe pas ? J’ai entendu soutenir cette opinion, qui est une erreur, à moins que ce ne soit un malentendu. C’est le cas de toutes les coutumes locales de se confondre sur bien des points avec les coutumes voisines et de présenter avec elles les différences les plus imprévues. Agramunt, en 1113, empruntait une disposition à la coutume de Barcelone et Jaca, en 1134, adoptait un article de la coutume de Montpellier[1]. De ce que la coutume d’Andorre appartient à la famille des coutumes catalanes, il ne s’ensuit pas qu’elle se confonde avec ces dernières. Outre que le droit catalan est fort entamé, tandis que la coutume andorrane est toujours vivante, celle-ci est, dans ses grandes lignes, net-

    s’emparer des écritures concernant l’administration des curés. — L’Évêque protesta le 21 août suivant contre ces décisions.

  1. Alart, Privilèges et titres de Roussillon et de Cerdagne, p. 37.