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Page:La coutume d'Andorre.djvu/254

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des sabis m’ont induit en erreur. Il est à peine utile d’ajouter que j’ai contrôlé ces témoignages l’un par l’autre.

Il n’y a pas en Andorre de personnages individuellement chargés, comme les costumeys du moyen âge[1], de fixer les points de droit : l’assesseur est un homme de loi espagnol ; les rahonadors ont un mandat éphémère. Les notables à qui je me suis adressé peuvent être répartis en deux catégories, suivant qu’ils ont ou non des idées raisonnées et scientifiques sur le droit. Ni les uns ni les autres ne distinguent suffisamment de la coutume locale le droit supplétoire de cette coutume. Interrogez-vous un licencié ou un docteur, il a une propension fort naturelle, dans les cas que la coutume ne prévoit pas, à vous donner une réponse tirée du Digeste ou des livres catalans. Je consultais l’un des hommes les plus distingués de l’Andorre sur les délais de la prescription ; il me répondait sans aucune hésitation et je prenais mes notes en toute confiance, quand, arrivé à la prescription des salaires, mon aimable et savant interlocuteur s’arrêta et, pour aider sa mémoire, ouvrit un petit volume catalan. Je sus alors que tout ce qu’il m’avait dit jusque-là était du droit catalan, parce que sur ce chapitre l’Andorre emprunte à ce droit ses dispositions.

Quant aux sabis moins cultivés, ils ont retenu des jugements ; mais eux non plus ne font pas le départ entre le droit purement local et le droit étranger qui le complète. Sans compter qu’il faut, pour comprendre les sentences et pour attribuer à chacune sa vraie portée, une certaine connaissance théorique du droit.

Aux premiers, j’ai demandé plutôt des notions générales sur les principes de la coutume ct sur son évolution historique ; j’ai consulté préférablement les seconds sur la pratique et la Jurisprudence.

Documents administratifs. — J’ai enfin travaillé avec

  1. Les costumeys de Bordeaux sont cités notamment dans l’article E suppl. 3120 des Archives de la Gironde. Leur rôle est étudié par M. Barckhausen dans son Introduction au Livre des Coutumes de Bordeaux, pp. xxiii-xxiv.