Page:La grève des charbonniers d'Anzin, 1866.djvu/21

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n’est-ce pas, pour vous comme pour nous, une immense douleur qu’un fait pareil ?

« Tous les prévenus ici présents sont, messieurs, prévenus comme auteurs ou complices de faits de menaces ou violences pour faire cesser ou maintenir la cessation du travail à la Compagnie d’Anzin.

« La Compagnie d’Anzin est une grande compagnie ; je n’ai pas mission de la défendre, et il ne me paraîtrait pas courageux à vous de l’attaquer quand elle n’a pas la parole. Elle occupe un grand nombre d’ouvriers ; elle a plusieurs concessions.

« La coalition s’est manifestée d’abord dans la concession d’Anzin, à Saint-Vaast. Les ouvriers n’ont pas d’abord indiqué leurs prétentions d’une façon bien claire ; tout ce qu’on pouvait comprendre, c’est qu’ils voulaient une augmentation de salaire.

« Ils ignoraient que, dans la régie, la veille, le 21, il avait été décidé qu’on les augmenterait de 25 centimes à la journée-type, calculée sur ce que peut faire l’ouvrier le plus faible dans 8 heures de travail. Cela portait le prix de la journée à 3 francs ou davantage.

«  L’ouvrier, d’ailleurs, pouvait déjà gagner 3 francs par le marchandage. Le marchandage a été accordé dans le passé sur la demande des ouvriers courageux, on n’en veut plus maintenant, mais on l’a pratiqué depuis longtemps. On met le travail d’une veine en adjudication ; celui qui demande le prix le moins élevé pour son travail est adjudicataire. La Compagnie n’a pas intérêt à déprimer le salaire des ouvriers. Les porions, avant de mettre