Page:La grève des charbonniers d'Anzin, 1866.djvu/20

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mer. S’il faut des réunions pour délibérer, adressez-vous à l’autorité administrative : elle peut vous autoriser à vous réunir à plus de vingt. Elle mettra toute sa bienveillance à permettre des réunions calmes, paisibles, les seules que vous deviez avoir, au lieu des attroupements tumultueux qu’il est de notre devoir de dissiper et de réprimer.

« S’il vous plaît de ne pas travailler à des conditions désavantageuses, n’êtes-vous pas libres de vous abstenir, soit individuellement, soit collectivement ? Mais d’autres n’ont-ils pas la liberté d’agir autrement que vous ? n’est-il pas mille circonstances ou certains de vos camarades croiront qu’il est de leur intérêt, de celui de leur famille, de travailler aux conditions qui ne vous plairaient pas plutôt que de ne point travailler du tout ? Pourquoi semer la terreur ? Croyez-vous que quand vous vous répandez en masse, comme vous le faites, sur les routes, dans les corons, sur le carreau des fosses, il vous suffira de dire : « Je réprouve individuellement tels ou tels actes, je n’y ai pas matériellement participé ? » Non. Quand vos attroupements effrayent enfants et femmes, celui qui n’a pas fait acte de violence matérielle a participé par sa présence aux troubles commis ; il n’est pas directement coupable, mais il peut être atteint comme complice.

« Le témoin Dumont pourrait vous citer la triste histoire d’une femme morte pour s’être, le lendemain de son accouchement, enfuie à travers champs, de peur des attroupements. Nul de vous n’est repris pour ce fait ; mais