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Page:La grève des charbonniers d'Anzin, 1866.djvu/28

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la cause que je dois éclairer en répondant à certaines parties du réquisitoire du ministère public, en en complétant d’autres, pour que vous puissiez juger que, s’il y a eu quelques fautes individuelles, expliquées par l’entraînement, au fond il y avait des griefs fondés, sérieux, mal manifestés, mal défendus par cela même, mais qui recevront satisfaction le jour où, mieux instruits et conciliant leurs aspirations légitimes avec les nécessités de l’ordre public, les mineurs sauront mettre le calme du côté du droit.

« Le ministère public vous rappelait hier ce qu’est la Compagnie d’Anzin ; elle-même, choisissant parmi ses régisseurs une plume illustre pour défendre une de ses exploitations séculaires, convoitée par un voisin concurrent, se proclamait naguère, dans un mémoire fameux, l’établissement le plus considérable de la France, et peut-être de l’Europe.

« Cette puissance (c’est ainsi qu’elle s’appelait elle-même et non sans motifs quand, en son nom, Clio adressait la parole à Thémis), cette puissance sans rivale par sa richesse, la position de ses membres, ses influences de toute espèce, visibles ou cachées, possède presque tout le sous-sol de l’arrondissement de Valenciennes ; ses sept concessions forment une propriété sans pareille au monde.

« C’est un pur don de l’État fait par la loi de 1810 ; et si, au point de vue social, toute richesse constitue une véritable fonction, imposant à celui qui la détient une série de devoirs, les obligations envers l’ouvrier comme envers