Page:La grève des charbonniers d'Anzin, 1866.djvu/32

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n’irait pas avec mes espérances de conciliation et d’apaisement[1].

« Le temps a marché. La concurrence de nouvelles concessions, sans diminuer les bénéfices de la Compagnie d’Azin, favorisés par l’extension de l’industrie, avait élevé progressivement le taux de la rémunération de l’ouvrier ; mais quand on avait accordé une augmentation nominale dans le salaire, on arrivait bien souvent à la faire disparaître en réalité par une augmentation dans la tâche. C’est de ce procédé qu’en 1846 naquit une grève nouvelle à propos de la question des hercheurs, dont la situation, à salaire égal, était aggravée par l’augmentation du poids des berlines où on charge le charbon qui vient

  1. Voici les paroles auxquelles le défenseur faisait allusion ; elles ont été prononcées par M. Lécuyer, aujourd’hui président honoraire du tribunal de Valenciennes et membre du conseil général du Nord :

     « Ouvriers mineurs,

    « La plupart d’entre vous vont être rendus à la liberté ; tous, cependant, ne sont pas exempts de reproches, mais les motifs d’indulgence pour les coupables furent pour vous, dans le doute, des motifs d’acquittement.

    « Vous allez bientôt reprendre vos occupations ordinaires, vous ne rejoindrez pas vos camarades sans leur répéter les paroles de Me François, votre défenseur ; vous leur redirez avec lui « que votre conduite a été blâmable, que l’émeute n’est pas permise… » Le jugement de condamnation apprendra aussi que l’on ne viole pas impunément les lois protectrices de l’ordre public.

    « Toutes les autorités forment des vœux sincères pour l’amélioration de votre sort ; la voix de l’humanité ne tardera point à se faire comprendre : les riches propriétaires des établissements des mines ne peuvent pas être vos tirans ; non, ils ne peuvent l’être ; un titre plus digne leur est réservé ; ils ne laisseront pas à d’autres le mérite de devenir vos bienfaiteurs. »