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Page:La grève des charbonniers d'Anzin, 1866.djvu/31

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recettes, en se contentant des bénéfices qu’elle faisait sur la différence du fret entre la Belgique et la France et de ceux que lui procurait sa part dans les péages des canaux de Saint-Quentin et du Crozat, à améliorer la situation de ses nombreux ouvriers ; si par suite le salaire était devenu assez rémunérateur pour que le mineur, soumis à tant de hasards, eût pu non-seulement subvenir aux besoins matériels et moraux de sa famille, mais acquérir, fût-ce au bout d’une ou deux générations d’économies, la propriété de son foyer.

« Il n’en était rien, et tandis que la loi lui était favorable, de 1817 à 1833 elle réduisait d’un cinquième environ le salaire des mineurs. La détresse des ouvriers était au comble ; deux fois, en 1824, en 1830, ils se soulevèrent, mais en vain, et il ne fallut rien moins que l’émotion causée en 1833 par ce qu’on appela l’émeute des quatre sous pour faire revenir à l’état de choses antérieur.

« Il y eut alors des ouvriers poursuivis, et quelques-uns furent condamnés ; mais on rapporte parfois encore l’un des mots prononcés du haut du fauteuil de la présidence de ce tribunal par le magistrat qui venait de prononcer la condamnation : ce mot, je ne le répéterai pas. J’expose des griefs, j’espère que des errements regrettables seront complétement abandonnés un jour, que les ouvriers et la Compagnie auront alors des intérêts en tout identiques, les faibles pouvant se soumettre avec respect à ceux qui sont leurs guides industriels, les forts se dévouant aux faibles. Ce mot, hors de la situation où il fut prononcé,