Page:La grève des charbonniers d'Anzin, 1866.djvu/37

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qu’ils craignent pour leur responsabilité, et à qui, loin de les stimuler, il faudrait redire à chaque instant : « Pas de zèle, messieurs ; surtout pas de zèle. »

« Voilà les causes des plaintes récentes, et il n’est pas jusqu’à certains des bienfaits que la Société a fait parfois sonner bien haut qui n’aient été récemment diminués.

« Je ne parle pas de la pension de 7 à 10 sous par jour accordée autrefois à cinquante ans d’âge après quarante ans de travaux au service de la Compagnie, c’est-à-dire dans des conditions presque impossibles à remplir : elle ne serait plus, dit-on, donnée qu’à un âge plus avancé.

« La Compagnie se vante de loger ses ouvriers à des prix relativement modérés. Il serait difficile qu’elle agît autrement, puisque les conditions comparées de vie et de salaires ne leur permettent pas, comme aux ouvriers d’une foule d’industries exploitées à la campagne, de devenir propriétaires de leur petite habitation. Mais, outre qu’elle les tient par là sous sa main — et vous avez vu hier qu’on les menaçait parfois d’expulsion instantanée, — elle a depuis quelque temps augmenté ces loyers et mis à la charge des ouvriers des réparations qui autrefois étaient à la sienne.

« Voilà, sans parler de la diminution opérée sur les distributions de charbon, les changements faits à leur position dont se plaignaient les mineurs d’Anzin, tandis qu’autour d’eux chaque chef d’industries bien moins favorisées comprend qu’il y a solidarité entre les patrons et les ouvriers, qu’on poursuit un but commun, l’amélioration du sort de tous, et que, dans notre contrée, les ouvriers