Page:La grève des charbonniers d'Anzin, 1866.djvu/36

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une portion de leur salaire sur les ouvriers de la veine : c’est le système des étiquettes.

« On attache à chaque berline, au profit du détacheur, une prime apparente de 5 sous. (Il va sans dire que le montant du prix du mètre carré détaché de la veine a été diminué proportionnellement.) Mais on a mis du même coup le payement des hercheurs à la charge des ouvriers à la veine.

« Voici les conséquences de ce système :

« Des étiquettes sont placées sur chaque berline pour indiquer l’ouvrier à qui elles se réfèrent, mais les berlines ne sont pas surveillées de nuit. Si un ouvrier change les étiquettes au détriment d’un autre, ce dernier subit une perte.

« Il en est de même si des étiquettes sont perdues au jour, ce qui n’arrive que trop souvent.

« L’ouvrier à la veine doit garantir un minimum de salaire au hercheur. Si le mètre carré a été fixé à des conditions désavantageuses, si le détacheur est malade ou affaibli, il ne perd pas seulement sur lui-même, il perd sur le hercheur qu’il doit payer.

« La lampe Davy ne permet pas toujours de distinguer la pierre du charbon ni d’en séparer la terre. Quant au jour on ne trouve pas le charbon assez pur, on déprime la berline des 5 sous, et l’ouvrier perd ainsi à la fois une portion du prix de son labeur personnel et le prix du transport qu’il a payé au hercheur. Or, cette détaxe est prononcée par des agents subalternes, d’autant plus ardents à augmenter les bénéfices des concessionnaires