Aller au contenu

Page:La grève des charbonniers d'Anzin, 1866.djvu/42

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

procureur-impérial) je ne ferai pas plus de bruit qu’ils n’en ont fait eux-mêmes. »

Ici le défenseur prend successivement le dossier de chaque prévenu, pose les charges, en discute les preuves, les place à côté de la loi, signalant souvent aux mineurs eux-mêmes, en y ajoutant un blâme sévère, ce qui est manque de respect à la liberté d’autrui, leur montrant que, s’ils sont une force comme la Compagnie d’Anzin, ils sont tenus, comme toute force sociale, à de rigoureux devoirs et au respect de l’ordre, condition première de tout progrès, indiquant enfin au tribunal ce qu’il croit devoir être cause d’atténuation des peines requises.

Il nous est impossible de suivre, dans ce compte rendu, cette longue discussion, qui passe forcément d’un ton à l’autre, suivant les incidents de l’instruction, et qui est interrompue pendant un instant par la triste nouvelle qu’apporte le télégraphe de la mort du jeune fils d’un des membres du tribunal, l’estimable M. Boulanger, conseiller général du Nord.

Après quelques mots de regret pour ce jeune homme, subitement frappé au seuil d’une carrière qui promettait d’être aussi brillante qu’honorable, le défenseur reprend et achève l’examen spécial de la conduite de chaque prévenu.

« Mes clients, dit-il en terminant, seront frappés par la loi ! Mais, n’y aura-t-il qu’eux de frappés, et, à part quelques heureux protégés par des marchés, nos industriels ne seront-ils pas, de leur côté, en dehors de cette audience, atteints bien sévèrement par la Compagnie d’Anzin, sans que l’augmentation de 25 centimes par