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Gounod, dont la représentation est imminente, le rapport de M. Antonin Proust sur l’Opéra nous promet, pour 1884, Tabarin, opéra en deux actes, de M. Émile Pessard, et, pour 1885, un Cid de M. Massenet et un Egmont de M. Salvayre. Que Dieu soit loué, et aussi le ministère des Beaux-Arts et M. de Vaucorbeil.

Adrien REMACLE.

LES LIVRES

Toutes les bibliothèques de famille contiennent les ouvrages de madame de Stolz, délicates productions où la finesse de touche s’unit à l’élégance du style, livres charmants, roses comme les joues des enfants auxquels ils sont destinés et que tant de grandes personnes lisent en cachette. La Maison blanche est d’ailleurs un véritable roman plein d’émouvantes péripéties, dont l’action, commencée au milieu des fusillades de la Commune, parmi d’âcres vapeurs de sang et de pétrole, se termine dans les fraîcheurs embaumées d’un vallon de Florian. Toutes les jeunes filles en permettront la lecture à leurs parents.

Pour connaître les hommes il suffit de vivre. Pour connaître les enfants il faut se souvenir qu’on a été petit garçon, ce qui est plus difficile. M. Girardin a été capable de cet effort prodigieux et il a conçu une œuvre originale et vraie : Quand j’étais petit garçon.

Et puis, M. Girardin sait trouver à l’occasion des arguments irrésistibles. Quand, par exemple, il s’agit de faire comprendre à l’enfant qu’il ne faut point tuer les oiseaux, l’auteur ne lui tient pas de vains discours sur l’humanité, les créatures du bon Dieu et autres propos futiles et démodés. Il leur prouve seulement par un irréfutable calcul que le meurtre d’un friquet, coûte 300 francs au pays, et qu’un collier composé d’une trentaine d’œufs de tel passereau représente une valeur d’environ 9 000 livres.

Indépendamment de cette primeur, M. Girardin nous offre une très habile traduction des contes anglais d’Ouida.

Les plus grands écrivains de l’Angleterre n’ont pas dédaigné ce genre de littérature. Plus qu’ailleurs, peut-être, on aime les enfants chez ce peuple qui a conservé la poétique tradition de la Christmas, cette fête par excellence des petits et des pauvres. Dans ce pays des brumes froides et des pluies navrantes, on se plaît aux récits fantastiques et joyeux que débitent les vieilles Megs sous le manteau protecteur des vastes cheminées, aux accompagnements en sourdine des voix mystérieuses de l’âtre.

C’est une touchante odyssée que celle du Petit Comte, dont la sei-