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desse à son modèle, de réussir mieux, avec plus d’exquisité et de distinction. Whistler est avant tout un symphoniste : ses tons sont choisis grâce à une préoccupation constante de la loi des fusions et des mariages. Jamais de fausse note ni de faux accord. Il traite tout sujet, portrait, paysage, marine, avec une finesse et un goût essentiellement aristocratiques, et l’on rêve, en songeant à sa peinture, d’une superbe main de femme, caressant et remplissant ses toiles, un long et nerveux pinceau au bout de ses doigts effilés.

Le Nocturne paraît vu à travers une gaze tissée avec des rayons de lune. Il évoque dans son air bleu une vision féerique à la Shakespeare, mais plus tendre, plus diaphane, plus fluide encore.

W. Stott est surtout intéressant à étudier pour sa facture. Il a un coup de pinceau très original, très net, très sûr ; il applique la tache avec une autorité, une infaillibilité surprenantes.

La Baignade est œuvre de peintre puissant, dominateur de son travail et de son sujet, le contenant, le déployant, l’élargissant, visant et atteignant des effets justes de tons et de couleur.

Il me reste à parler de Gervex. Son Job est d’inspiration quelque peu académique ; c’est une toile déjà ancienne et témoignant de sérieuses études. Elle est austère de dessin, trop austère même, car sa grande correction n’est pas l’idéal.

Rodin et Injalbert ont envoyé : l’un, Philippino Lippi, terre-cuite d’une belle et gracieuse venue, pleine de distinction et d’archaïsme ; l’autre le buste d’Hugo, puissant, expressif, dramatique et vivant.

Au total, l’exposition des Vingtistes est très visitée. On lui bat des mains dans la presse et le public.

Émile VERHAEREN.

LES EXPOSITIONS ARTISTIQUES À PARIS

I. L’Exposition des dessins de l’école moderne (1780-1884) à l’École des Beaux-Arts. Tous les maîtres sont représentés dans cette collection de mille dessins : Bonington, Daumier, David, Décamps, Delacroix, Fragonard, Gavarni, Géricault, Goya, Ingres, Lepicié, Marilhat, Millet, Prud’hon, Regnault, Victor Hugo, Félicien Rops, Lhermitte, A. E. Pointelin, Puvis de Chavannes, Stevens, Ribot, cinquante autres.

II. Dans la galerie de Georges Petit (8, rue de Sèze), l’intéressante Exposition annuelle des Aquarellistes français : Duez, Lewis-Brown, Isabey, Harpignies, Zuber, Le Blant, James Tissot, Béraud, etc.

III. La plupart des tableaux qui figurent à l’Exposition du Cercle