Dix poignards, qu’elle lance et fait voler en rond,
Forment une auréole à l’entour de son front.
Sa main leste les suit, les prend, les précipite ;
Le cercle de métal tourne toujours plus vite,
Les lames se froissant la couronnent d’éclairs…
Elle reste impassible, avec ses gestes fiers,
Dédaigne les bravos du peuple qu’elle enivre,
Du peuple aux yeux béants qui s’éblouit à suivre
Ce nimbe où les aciers ont des reflets blafards ;
Et ne se doute pas en sa langueur sereine
Quelle m’a fasciné de ses yeux de sirène
Et jongle avec mon cœur comme avec ses poignards.
Décidément cela fait fureur : je ne vois que gens qui se marient ou font des mariages. Il y a des époques pour cela, du reste, comme il y en a pour semer la carotte ou cueillir le muguet. Et comme c’est une toquade, les hommes s’y donnent avec empressement. Le grotesque est inséparable du nombre, ici plus qu’ailleurs. Observez, sans plus d’attention que la chose ne le mérite, quatre têtes seulement où a germé l’idée matrimoniale avec tous les appétits de la reproduction ; observez-les soit avant, soit après le fait, vous y trouverez de quoi philosopher gaiement et entretenir à la fois votre sagesse et votre humeur.
L’auteur du présent chapitre n’a pas l’intention de procéder à ce quatuor d’examens. Moins encore veut-il offrir un enseignement pratique aux malheureux, chez qui en ce moment quelque combinaison serait en travail. Rabelais, natif de Chinon, a répondu en normand du meilleur cru à toutes les questions possibles sur ce grave sujet. Ô vous donc, qui allez solennellement vous diminuer de moitié, je vous renvoie à ces pages ; lisez-les attentivement et prenez le parti… que vous pourrez.
Aussi, comme tout a été dit sur la matière, comme il reste éternellement vrai qu’il faut se marier ou ne point se marier, comme les avantages et les inconvénients n’ont pas changé et qu’ils dureront autant que la machine ronde, je vais tout simplement ajouter quelques menus faits,
