quelques petites histoires du temps, qui contribueront, non à éclaircir la difficulté, mais à l’embrouiller, et donneront tout au moins, j’espère, aux incorrigibles garçons l’occasion de rire sans frais aux dépens de tout le monde.
Il en est chez qui la démangeaison se fait sentir dès le premier âge… possible. Le « croissez et multipliez » les enthousiasme et, pour être plus certains de voir les enfants de leurs enfants jusqu’à la quatrième génération, ils s’y prennent de si bonne heure, que quelques-uns portent encore à l’index droit la tache d’encre du potache.
J’en connais un qui s’est exécuté à vingt ans. Huit jours auparavant, tandis qu’on publiait ses bans, il était encore sur ceux de la Sorbonne : sa future le voulait bachelier. Pas de baccalauréat, pas de femme. Les parents, ne trouvant pas d’autres moyens de lui inculquer l’amour de la science, encouragèrent ses visées matrimoniales. Deux amours valent toujours mieux que rien.
Voilà un an de cela : aujourd’hui le bachelier d’hier est papa. Sa femme à l’épreuve s’est prise à vieillir et, quoique d’égalité d’âge, semble posséder dix… mettons, printemps de plus que son mari. C’est charmant.
Quant à lui, il est devenu l’objet de son beau-père. Le brave homme, empailleur de son état, — non de chaises, mais d’oiseaux et autres bêtes, — se dit naturaliste : « La bêtise humaine est incurable. » M. Zola Émile n’a rien à voir ici. Ayant besoin d’un gendre pour ses affaires, il surveilla la végétation et cueillit le bourgeon avant que les premières brises de printemps ne l’eussent effleuré de leurs ailes légères. Aussitôt pris, aussitôt à l’œuvre, et le naturaliste, habitué à empailler tant de bêtes, eut bientôt fait d’empailler son gendre.
Et voilà le malheureux casé jusqu’à la fin de ses jours dans la montre de famille. C’est un bon employé : il dépouille admirablement un quadrupède et se croit anatomiste ; un excellent mari : entre deux empaillements il fait un enfant à sa femme… et un mâle encore ; un gendre parfait : il se laisse plumer comme un oiseau mort. Mais
Et voilà comment chez celui-là le mariage opéra.
