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finale des dernières recommandations de la pauvre mourante à sa sœur : « Louise, viens que je te dise tout bas ! Quand je serai morte, il faudra me faire belle comme j’étais autrefois. On prendra parmi mes robes de bal une robe blanche. La jupe est toute couverte de petites roses. C’est celle-là que je veux, et vous verrez comme je serai jolie et comme une fois encore vous retrouverez Froufrou ! »

Je ne crois pas qu’à ce moment quelqu’un ait pu échapper à l’émotion, qui étreignait la gorge, en écoutant la voix d’or de Sarah détailler ces touchantes paroles.

Ce n’est pas un succès de plus à ajouter à l’actif de Sarah Bernhardt, c’est un triomphe de plus !

Elle doit y être habituée.

Dois-je parler maintenant des étoiles qui gravitent autour d’elle ? Je pourrais presque m’en dispenser tant l’attention et l’intérêt se concentrent uniquement sur l’héroïne, mais je ne commettrai pas cette souveraine injustice envers des artistes de la valeur de Lafontaine, Marais et Angelo, de mesdames Automne et Kolb.

Lafontaine a repris le rôle de Brigard, créé par Ravel.

Le créateur avait joué ce rôle en bouffon ; Lafontaine l’a joué en comédien. Il a donné un caractère au fantoche et fixé enfin ce type du vieux beau cynique et débauché.

Quant à Marais, tout en restant le tragédien que l’on connaît, il personnifie merveilleusement M. de Sartorys, c’est-à-dire l’homme du monde élégant et correct.

Angelo-Valréas est un amoureux très pschutt, en compagnie duquel on comprend parfaitement que Froufrou ait aimé à visiter les palais de Venise.

Madame Automne est une Louise fort touchante, et Marie Kolb une excellente madame de Cambri.

En raison de cette interprélation irréprochable, la reprise sera fructueuse et nous souhaitons à la très sympathique directrice de la Porte-Saint-Martin beaucoup de succès comme celui-là.

Oscar MÉTËNIER.

CHRONIQUE DU SPORT

L’automne, qui projette sur toutes choses un si mélancolique reflet, donne aux courses de Longchamps un charme spécial, d’abord en les favorisant d’un temps généralement fort beau, puis en leur imprimant un caractère de modération qui repose agréablement des luttes enfiévrées du printemps