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son nom s’inscrit en lettres d’or au livre de justice de la Postérité. Et je suis heureux, moi, qui commence, de l’occasion qui m’est offerte de dire ce que je pense de ce grand et sympathique talent.

Je vous dirai dans ma prochaine chronique mon avis sur l’interprétation actuelle, car à passer les ponts par le printemps bizarre que nous traversons, Dieu sait ce que l’on gagne de ces rhumes adorables qui transforment vos yeux en deux petites fontaines. Ce peut être joli, mais c’est bien gênant. Or, nul n’en est exempt en ce monde, Mascarille pas plus que les autres ; et si vous voulez son entière confession c’est peut-être une juste punition du ciel ; car par ces coups de vent qui retournent les parapluies, font claquer les jupes, et découvrent les petites bottines trottant claires et fermes sur l’asphalte des boulevards, on s’attarde quelquefois à de muettes contemplations. Et pour me faire mieux pardonner j’ai prié mon collaborateur Henri Rivière, de traduire la chose tout en haut de ma page, de son fin et alerte crayon.

Une anecdocte cependant pour finir avec Antony, anecdote que personne n’a rappelée et qui prouve bien le côté populaire du succès des premières représentations. On jouait la pièce à la Porte-Saint-Martin, je crois, la toile, par suite d’une fausse manœuvre, fut baissée avant que Boccage chargé du rôle d’Antony ait pu lancer son fameux « Elle me résistait, je l’ai assassinée ! »

Les spectateurs murmurèrent, rappelèrent les acteurs ; on exigea que la toile fut relevée, on voulait la dernière phrase, malheureusement Boccage était remonté dans sa loge où il se déshabillait déjà. — Que faire ! Le public réclamait toujours. — Mme Dorval s’avançant alors dit : « ""Messieurs, je lui résistais, il m’a assassinée ! »

Le public se retira satisfait.


J’ai dû aussi refuser l’aimable invitation de M. Bruneau, le président des Concerts du Trocadéro ; mais l’œuvre est trop louable pour que la Libre-Revue ouverte à tout ce qui commence, et à tout ce qui est bien et beau n’en rende pas compte. Voici les quelques lignes que m’adresse à ce sujet un de nos collaborateurs :

« L’Union Internationale des compositeurs de musique a donné son deuxième concert le 17 avril. La France était représentée par M. César Franck et M. Bruneau et l’Allemagne par M. ax Bruch. M. César Franck, l’éminent professeur d’orgue du Conservatoire, a affirmé une fois de plus sa valeur comme symphoniste. L’aisance avec laquelle il manie l’orchestre et elles voix nous permet de le comparer à Bach. Malheureusement l’éducation musicale française n’est pas encore assez faite pour qu’il soit apprécié comme il le mérite. Néanmoins nous avons constaté avec plaisir que les fragments de l’opéra Hulda (Marche avec chœurs et ballet) ont été fort bien accueillis.

Madame Fidès Devriès s’est fait vivement applaudir dans la Léda