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Page:La rebellion de 1837 à Saint-Eustache.djvu/206

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révolte, car j’entrevoyais ce qui allait nous arriver et je tentai à plusieurs reprises de m’évader ; mais des piquets (sentinelles) formés de plusieurs personnes armées ceinturaient le village et le gardaient pour arrêter les déserteurs et ils menaçaient de nous tuer si nous tentions de fuir et de laisser le camp.

Voyant qu’il fallait me résigner, je me rendis à la porte de l’église, où Girod et le Dr. Chénier forçaient les gens à se mettre en défense, vu que les troupes anglaises avaient été signalées et qu’elles arrivaient sur le village de St-Eustache.

C’est dans ce moment qu’il y eut des scènes fort pénibles et que je ne raconterai point, particulièrement lorsque nos chefs nous contraignaient à nous retrancher et à nous barricader, tant dans l’église que dans d’autres demeures. Le brave Girod battait les gens à coups du plat de son sabre pour les faire entrer dans l’église et quand il vint à moi pour m’y obliger, je lui dis que j’avais résolu de combattre dehors et que je le tuerais comme un chien s’il persistait à m’y faire entrer ; aussi, voyant qu’il me menaçait du plat de son sabre, je le couchai immédiatement en joue et je lui aurais brûlé la cervelle s’il ne se fût éloigné précipitamment et cela pour se sauver et déserter le camp, comme il le fit quelques instants après, c’est-à-dire avant la bataille.

J’étais du côté ouest de l’église lorsque les troupes commencèrent à la bombarder, et voyant que la mitraille volait sur le portail ainsi que sur la couverture, je vis que notre défense était folle, puérile, et je me sauvai sur la