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Page:La rebellion de 1837 à Saint-Eustache.djvu/236

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devant l’église et je dis à Girod : « Donnez-nous donc des balles et de la poudre, si vous voulez que nous combattions » ; mais le brave général, qui avait alors la figure toute bouleversée par la peur, me répondit : Il n’y en a plus et il disparut quelques instants après pour ne plus reparaître.

Voyant que tous les chefs, comme Girod, le curé Chartier et autres nous abandonnaient et prenaient la fuite, je me dis alors devant l’église qui était fermée et barricadée qu’il faudrait que je fusse en démence pour me laisser égorger comme un innocent, et je pris moi-même la fuite, mais un peu tard, et me sauvai à travers les balles qui passaient au-dessus de ma tête avec un son aigu et peu rassurant. Enfin, après avoir vainement essayé de tenir mes ennemis en échec en tirant sur eux, et après avoir tenté de me cacher dans plusieurs endroits oh j’étais toujours découvert, je finis heureusement par sortir et m’éloigner du village.

Comme j’étais pour le moment hors de danger et à l’abri des balles, je fus grandement étonné, en m’appuyant sur une clôture de pierre, d’entendre deux personnes qui du côté opposé s’y étaient blotties et cachées pour s’y reposer ; et ces personnes étaient deux chefs étrangers à St-Eustache. Presqu’aussitôt après et comme nous craignions d’être faits prisonniers, je pris une direction et ces chefs une autre, afin de nous enfuir et de nous éloigner davantage du centre des hostilités.

J’affirme de plus que nous nous attendions nullement